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Déni et dissociation
Auteur : Diane W. Hawkins, assistante médicale. Traduction Bistrobarblog
Publié le 3 juillet 2002
''...Quand le déni n'est plus nécessaire, la dissociation non plus.''
Simplement considéré autrefois comme un appendice ennuyeux dans le diagnostic des Troubles Dissociatifs d'Identité (TDI, nommé autrefois trouble de la personnalité multiple, lire ce qu'ose écrire Wiki à ce sujet :https://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_la_personnalit%C3%A9_multiple), le déni est aujourd'hui reconnu comme la ''colle'' qui maintient en place la dissociation.
Le fait est que les TDI n'existeraient pas sans le besoin de déni. En d'autres mots, quand le déni n'est plus nécessaire, la dissociation non plus. Le TDI démarre quand des traumatismes d'enfance sévères et répétés engendrant d'intolérables conflits dans la jeune psyché, avec d'extrêmes contraintes, se résolvent par une division en identités séparées. Ceci rend capable la personne de refouler l'intolérable événement pour que d'autres parties d'elle puissent vivre comme si de rien n'était.
Des conflits dits intolérables surviennent à chaque fois que des croyances apparemment vitales sont menacées. Ces croyances peuvent toucher la survie, la sécurité, la fonctionnalité, l'identité, la moralité, des tendances religieuses ou toute autre question considérée comme impossible à surmonter. Par exemple, la plupart des jeunes enfants, en raison de leur extrême vulnérabilité, pensent qu'ils ne peuvent survivre sans un parent ou un auxiliaire de vie protecteur. Si par conséquent Papa blesse violemment ses enfants, cela crée un intolérable conflit avec la croyance de l'enfant au sujet du besoin de survie. L'enfant résout le conflit en créant une division dissociative dans son esprit, ce qui lui permet de ''ne pas être au courant'' de l'événement et donc de pouvoir continuer à croire qu'il a un proche protecteur et donc un moyen de survivre.
Le même genre de conflit intolérable se passe quand la personne se retrouve face à un besoin absolu de fonctionner mais qu'elle est pourtant trop bouleversée par l'impact du traumatisme pour y arriver ou lorsqu'une personne engagée dans des normes morales élevées est obligée de participer à des activités ''impensables''. De nouveau une dissociation donne à la personne le moyen d'être séparée de la conscience du traumatisme et la rend donc capable de faire des choses aussi cruciales que de fonctionner normalement ou de maintenir son identité morale.
Les tortionnaires, du fait de leur connaissance des mécanismes de dissociation, peuvent délibérément créer de tels conflits chez leurs victimes chaque fois que leur programme exige une nouvelle scission ou le secret le plus absolu. Il leur est facile de le faire en soumettant leur victime à un traumatisme auquel elle pense ne pas survivre ou en invoquant des émotions intolérables, comme une peur avec menace sur la vie, une honte humiliante, une culpabilité insupportable ou en l'obligeant à participer à des activités qui entrent très sévèrement en conflit avec ses croyances morales ou religieuses.
Chacune de ces situations va entraîner un intense besoin de nier la survenue de l'événement, ce qui va invariablement créer le mur dissociatif souhaité par le tortionnaire. Habituellement ils s'assurent que la personne en soit si profondément imprégnée qu'elle ne pourra jamais l'éliminer, ce qui voudrait dire qu'elle serait sinon confrontée à la réalité ou à des émotions insupportables. Quand l'élément déterminant que joue le déni dans l'origine et le maintien d'une dissociation est reconnu, un profond changement de vision thérapeutique est possible. Il n'est plus nécessaire de faire précéder les souvenirs traumatiques des expériences vécues. Pour une guérison véritable, il faut à la place aborder ce besoin de barrières de dissociation érigées entre le poids du traumatisme et les éléments de maintien du déni. Cela exige d'identifier et de résoudre les intolérables conflits dont l'existence semble obligatoire. Cela peut être un procédé très dangereux, mais il focalisera la thérapie sur les vrais problèmes qui font perdurer la dissociation.
Le survivant peut abandonner le déni par étapes successives. Au début souvent l'idée de personnalité multiple peut être niée. Quand la réalité d'une division est enfin acceptée, la réalité de tout ou partie du traumatisme peut être malgré tout niée. Il se peut qu'un sévice du persécuteur soit accepté mais pas un autre, ou que des souvenirs d'abus sexuels soient enfin acceptés mais pas ceux impliquant du satanisme.
La réalité du traumatisme pourra finalement être acceptée dans son intégralité, mais le fait d'en être le possesseur pourra créer une résistance. En d'autres mots, l'identité primitive en position de déni va accepter que toutes ces horribles choses soient arrivées mais elle voudra continuer à rester séparée d'elles. Ce n'est que quand cette identité-clé s'identifiera personnellement aux événements et à leurs implications que les barrières dissociatives pourront tomber.
Comme ceci implique un changement majeur, plus pour le déni de base que pour les éléments de dissociation, l'orientation thérapeutique va jouer plus lourdement sur ces identités qu'auparavant. Leur seuil de tolérance doit d'une manière ou d'une autre être relevé à un niveau psychologique approfondi. Ce qui autrefois était vu comme absolument inacceptable doit devenir maintenant comme ''appropriable''.
Changer cette perspective va demander d'identifier, de faire face à et de rectifier de nombreuses fausses croyances. Cela voudra dire aussi de se retrouver face à de horribles émotions et de profonds problèmes d'identité. La vérité ne sera révélée au survivant que grâce à une énorme motivation, une grande force intérieure et du courage. Si vous croyez en Dieu, sachez cependant qu'Il a promis d'accorder des grâces et de la force afin d'accomplir toutes choses.
Article paru au départ dans 'Restoration Matters', automne 2001, vol.7, # 1, en ligne sur http:
www.rcm-usa.org . © Diane W. Hawkins, M.A., reproduit avec la permission de l'auteur.